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L'étude du Syndicat Français des Aliments de l'Enfance : malnutrition

Rédigé par Alice du Laboratoire PediAct | 16 juillet 2014

L'alimentation du nourrisson et de l'enfant est une des composantes principales de leur bonne croissance. Nous avions déjà évoqué dans de précédents articles  la complexité du lait maternel, cet aliment complet qui apporte nutriments et minéraux aux plus petits, mais aussi de la diversification alimentaire ou encore de la manière d'incorporer des légumes dans le régime alimentaire de vos enfants. Vous en conviendrez donc,  ce sujet nous tient particulièrement à cœur!

Pour nous replonger de nouveau dans cette thématique, nous nous appuyons aujourd'hui sur l'étude Nutri bébé menée par le Syndicat Français des Aliments de l’Enfance (en partenariat avec le CREDOC) dont le second volet met en lumière plusieurs défauts du régime alimentaire des enfants de 0 à 3 ans qui sont loin de respecter les recommandations nutritionnelles européennes ou françaises. Ce sont particulièrement les apports en lipides, en protéines, en fer et en sel qui sont pointés du doigt et il est important de se rappeler qu'à l'heure de passer à table, enfants et adultes n'ont pas les mêmes besoins nutritionnels. Revoyons ensemble les quelques conclusions de l'étude qui a été menée auprès de plus de 1000 mamans d'enfants agés de 0 à 3 ans non allaités, qui ont rapporté l’alimentation de leur enfant sur 3 jours.

Les apports en lipides de l'enfant sont inadéquats avant 3 ans

On pointe souvent du doigt les matières grasses dans notre quotidien et les médias ont pris l'habitude de véhiculer l'idée qu'elles sont à l'origine du surpoids et de l'obésité. S'il est vrai qu'un excès de matières grasses peut expliquer effectivement une prise de poids en raison de leur forte valeur énergétique, il ne faut pas les fuir non plus ! Les lipides et surtout les "bons lipides" comme les acides mono-insaturés et poly-insaturés sont indispensables au bon fonctionnement de notre corps et surtout lorsque l'on est dans une phase de croissance. Selon l'étude, 4 enfants sur 5 ont des apports en lipides inférieurs aux apports moyens recommandés à partir de leur première année de vie. Cela est facilement compréhensible si l'on considère qu'un enfant a des besoins lipidiques 3 à 5 fois plus élevés qu'un adulte mais qui reste inquiétant lorsque l'on connait l'importance d'un apport lipidique de qualité pour le développement du système nerveux et du cerveau. Attention donc à ne pas faire une chasse aux lipides trop stricte dans l'assiette de nos têtes blondes !  Votre médecin pourra vous conseiller dans ce cadre pour adopter les bons réflexes.

Même constat concernant les apports en fer

Avant un an, les carences en fer sont rares chez les enfants car les laits infantiles contiennent des apports suffisants en minéraux. Néanmoins, à partir d'un an, lorsque les aliments solides représentent une grande part des apports nutritionnels, les choses se corsent. Entre 1 et 2 ans, près de la moitié des enfants ont des apports en fer inférieurs aux recommandations et, entre 2 et 3 ans, près des trois quarts des enfants connaissent ce même constat. Cette information ne peut que nous forcer à réagir, quand on sait qu'une forte carence en fer peut engendrer une anémie ou des dysfonctionnement du système immunitaire.

Mais aussi... Un excès de protéines et de sel

Autre conclusion alarmante de cette étude : à partir de la période de diversification alimentaire, les apports en protéines augmentent régulièrement pour atteindre presque 4 fois les apports recommandés à l'âge de 3 ans. Toutes ces protéines en excès sont inutiles à la croissance et pourraient "fatiguer" les reins qui participent activement à leur élimination. Les coupables ? Les laitages, viandes, charcuteries mais aussi le lait de vache largement consommé par les enfants avec une poudre chocolatée par exemple. Voilà donc un argument fort en faveur des laits deuxième âge ou "de croissance" qui ont des teneur en protéines maîtrisées et qui sont recommandés par de nombreux pédiatres et spécialistes jusqu'aux 3 ans de l'enfant. Quant au sel, il est consommé en trop grande quantité chez 95% des enfants de plus d'un an. Celui-ci est omniprésent dans les charcuteries, fromages et plats préparés pour adultes, des aliments qui ne devraient pas prendre une part trop importante du régime des enfants. Par ailleurs, il a aussi été rapporté que de nombreux enfants s'alimentaient devant un écran (tablette, télévision...) et ainsi s'exposaient ainsi à une forme d'alimentation peu conviviale et potentiellement trop riche.

Eviter les excès de protéines (attention aux viandes et au lait de vache), opter pour une consommation raisonnée de sel, et introduire des lipides de qualité dans l'alimentation de leurs enfants devrait donc permettre aux parents de se rapprocher des préconisations et recommandations en cours.

* La SFAE regroupe les acteurs du marché français des aliments pour les enfants en bas âge (0-3 ans).

NB : Cet article ne se substitue en aucun cas à une consultation médicale ou aux conseils d’un professionnel de santé